LES TENDANCES DE CONSO
LES TENDANCES DE CONSO
7 février 2023 Capin Judicael Akpado
Les pratiques de consommation se transforment sous l’influence de normes dans l’air du temps. De plus en plus de consommateurs tendent à privilégier des conduites qu’ils considèrent comme éthiques et identitaires. Le désir et le plaisir ne seraient plus, semble-t-il, les uniques moteurs de la motivation d’achat.
Pour ces nouveaux acheteurs, consommer est un acte responsable. Il ne doit pas s’affranchir des problèmes du monde actuel comme ceux des facteurs environnementaux ou encore ceux associés à certaines idées de justice sociale. La tendance serait apparemment aussi identitaire. De ce point de vue, l’individu se ressentirait moins membre de son ensemble socio-culturel d’origine que représentant d’une communauté où il se reconnaît. A ce propos l’auteur Bret Eston Ellis note non sans cocasserie, dans white, son expérience de cet état d’esprit (sans doute vécu). La première chose que demande une féministe de gauche (démocrate) quand elle chat sur tender avec un gars qui lui plaît ce n’est pas de lui demander d’abord sa taille mais son appartenance politique.
Même s’il revêt une importance marketing indéniable pour les filières de la fabrication et de la distribution marchande, ce constat doit néanmoins être nuancé. Les consommateurs ne forment pas une masse homogène et uniforme. Il serait alors intéressant d’en affiner les affirmations par l’introduction de variables telles que celles de l’âge, du niveau culturel mesuré par le diplôme, du sexe et du revenu.
Il est en effet possible que les achats de secondes mains soient dictés par des motivations économiques chez les gens de conditions modestes, tandis qu’ils le seront pour des raisons éthiques ou militantes de la cause écologistes chez les plus diplômés avec de meilleurs revenus. Ces différences de pratique se rencontreront aussi à l’intérieur d’une même classe d’âge. Il faut donc considérer la notion de millénial comme une désignation plus commode et médiatique que sociologique au sens propre du terme.
Par ailleurs, il ne faut pas confondre la représentation publique d’un phénomène (par exemple celle de sa présentation dans les médias) avec sa réalité sociale. Ce qui est le cas pour les questions d’identité fondée sur l’orientation homosexuelle. Il faut savoir qu’un pourcentage non négligeable d’entre eux ne se reconnaît d’aucune communauté particulière hors celle de son origine socio-culturelle.
Au fur et à mesure que les conditions socio-économiques varient, les préférences d’achat de la clientèle changent. Même si ce changement ne constitue pas forcément une évolution par rapport aux années précédentes, ces choix déstabilisent parfois les stratégies marketing déjà établies. Afin de vous éviter les déconvenues liées à ces imprévus, découvrons ensemble le top 7 des tendances de consommation de 2023…
En vogue depuis quelques années, le réemploi est une pratique qui demeure à la mode. Pour des raisons écologiques, financières ou autres, les consommateurs se tournent de plus en plus vers des produits de seconde main pour satisfaire leurs besoins d’achat. Si au départ, cet élément crucial des tendances de consommation de 2023 se limitait à des produits électroménagers ou biens d’équipement, il se généralise aujourd’hui vers un plus grand nombre de biens de consommation courante. C’est pourquoi on assiste depuis un moment à la naissance de plusieurs entreprises proposant ce type de produit.
La plateforme Vinted par exemple est la parfaite illustration de cette nouvelle tendance. Elle ne se limite plus aux vêtements de seconde main, son offre inclut désormais une variété de produits du quotidien. En réalité, elle ne fait que satisfaire l’engouement croissant des consommateurs pour le réemploi. Pour rappel, selon une étude réalisée par la Fevad en 2021, 50 % des consommateurs ayant effectué des achats sur le web ont effectué au moins, une transaction de seconde main ou reconditionnées. Dans la même lignée, 80 % des e-acheteurs ont avoué avoir acheté ou vendu des produits de seconde main ou reconditionnés.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que de grandes marques dans le domaine de la mode se mettent à proposer des offres de biens durables. C’est une pratique qui s’impose à grande vitesse surtout à cause de la morosité qui oblige à esquiver la cherté des produits neufs.
Avant tout, les consommateurs perçoivent une exagération face aux nombreuses marques proposant des produits écologiques. Ils pensent même qu’un certain nombre d’entre elles abusent de cet argument pour justifier une hausse des prix. C’est d’ailleurs pourquoi (selon une étude publiée sur le site web de la plateforme Ernst & Young) 60 % des Français attendent plus de transparence des marques concernant la positivité de l’impact environnemental et sociétal de leurs fonctionnements. Le problème est qu’ils ont l’impression que les sacrifices consentis ne sont pas forcément nécessaires. Loin de toute théorie complotiste, ils estiment que certaines enseignes abusent du « greenwashing » dans leurs campagnes.
Avec la morosité économique, les foyers trouvent alors moins de raison de culpabiliser en priorisant le « moins cher » face à l’écologie. D’ailleurs, le pouvoir d’achat de la masse baisse face à l’inflation galopante. Le salaire qui permettait jadis de se permettre quelques achats de luxe ne suffit plus forcément aujourd’hui à acquérir les produits de première nécessité. Évaluant les répercussions de cette situation, une étude du cabinet français de conseil » Wavestone » a permis de constater que 60 à 70 % des Français (de l’échantillon étudié) envisagent de baisser leur consommation pour les prochains mois. Cette diminution des opérations d’achats inclut également les produits de première nécessité et est même adoptée par la classe moyenne et des individus plus nantis que la masse.
Et d’ailleurs, 63 % d’entre eux ne souhaitent plus payer plus cher pour un produit plus responsable. Ils imitent les plus démunies qui ont déjà initié le mouvement de cet élément des tendances de consommation de 2023 depuis plusieurs années. Ils sont alors moins emballés par les nombreuses publicités de biens de consommation durables qui pullulent à la télé et sur le web. Qu’il s’agisse des produits alimentaires, des cosmétiques ou d’autres éléments courant des grandes surfaces, les comportements d’achat des ménages français demeurent identiques. Ils préfèrent le « moins cher » ou encore, les produits locaux.
Au nombre des entreprises qui profitent le plus, des retombées du confinement, figurent les commerçants de produits locaux. La crise sanitaire du coronavirus ( COVID-19…) a en fait incité les consommateurs à prioriser le « Made in France ». Les boissons alcoolisées, les produits laitiers, les produits frais font partie des habitudes de consommation et achat habituel de la masse dans les supermarchés et hypermarchés. Même si au départ cette tendance de consommation de 2023 était motivée par les difficultés de déplacement, c’est à présent un choix indépendant des clients. Selon une étude réalisée en 2021 par l’IRI, institut spécialisé dans l’analyse des données de produits de grande consommation, 39 % des Français affirment vouloir acheter plus de produits locaux. C’est donc une tendance qui n’est pas encore prête de s’essouffler.
Mais il est important de souligner que cet engouement des produits locaux se focalise majoritairement sur les commerces de proximité. En d’autres termes, un consommateur souhaitant acquérir des produits locaux n’est pas forcément prêt à effectuer des kilomètres avant de pouvoir l’acquérir. Ils préfèrent s’approvisionner chez des vendeurs de l’entourage, et même lorsque les transactions se déroulent en ligne. En guise d’exemple, une étude de la Fevad révèle que 60 % des e-acheteurs admettent avoir déjà commandé sur un site commerçant de proximité en 2021. C’est donc un comportement d’achat qui s’impose autant pour les transactions physiques que le commerce en ligne.
Avant tout, il faut retenir qu’un nombre croissant de consommateurs effectue désormais la majorité de leurs achats sur le web. Cet élément des tendances de consommation de 2023 ayant pris ses racines, il y a quelques années, continue de s’imposer. À la différence de ces débuts, ce n’est plus seulement la génération Y qui le priorise. Même les seniors commencent à effectuer de plus en plus de commandes sur le web vu la facilité que cela leur confère, cette accélération de la transformation digitale affectant le secteur des biens de consommation.
Mais il faut noter que l’e-commerce en question ne se limite plus désormais à la création d’un site internet. C’est toute une stratégie digitale qui doit accompagner la commercialisation des produits sur le web. Outre le référencement SEO et d’autres outils d’optimisation ou de gestion les CRM, le commerçant doit prendre en compte l’influence des réseaux sociaux et de la réalité augmentée. En effet, le consommateur de 2023 veut pouvoir tout faire depuis son canapé, à un même endroit. Il souhaite pouvoir effectuer des achats sur les mêmes réseaux sociaux où ils se divertissent et échangent avec des amis. Les opérations d’acquisition sur les réseaux sociaux vont alors connaître un « boom ». Il ne s’agira pas forcément d’intégrer directement des moyens de paiement sur les réseaux sociaux.
Mais l’entrepreneur peut insérer des liens dans ses publications sur les réseaux sociaux dirigeant directement vers une page de paiement ou l’adresse d’un point de vente (ou points de retrait du bien ciblé). Il faudra alors en amont fournir le plus d’information possible dans la description du produit. L’autre alternative est d’attirer les internautes sur des plateformes de messagerie comme Messenger et WhatsApp où vous pourrez aisément échanger autour des avantages de vos produits et services. C’est une astuce des tendances de consommation de 2023 qui est autant valable pour les achats sur le web que pour l’économie collaborative.
Très populaire pour le transport, l’économie collaborative ou économie de partage sera au rendez-vous en 2023. Ce modèle socio-économique, basé sur la monétisation des services ou biens de particuliers, est de plus en plus utilisé. Qu’il s’agisse de location de véhicule, d’échange de logement ou de cours particuliers, l’économie collaborative continue son bonhomme de chemin. Selon une étude de l’INSEE, l’économie de la location de matériel par exemple a augmenté de 80 % en 20 ans.
C’est donc une habitude de consommation qui continuera à se développer en 2023. Elle demeure autant importante pour le consommateur que la singularité d’une offre par rapport à sa personnalité, ses principes et aspirations.
La singularité est sans doute une des nouvelles tendances de consommation à prendre encore en compte pour l’année 2023. Elle reflète en réalité une certaine volonté d’identification, voire de personnalisation de l’offre comparativement à l’acheteur. C’est ainsi qu’un individu homosexuel peut préférer acheter des fruits et légumes chez des commerçants LGBT. Dans la même lignée, une femme peut prioriser le fait d’effectuer l’achat de nouveaux produits commercialisés par des entrepreneuses. Certains consommateurs se montrent encore plus exigeants. Ils espèrent des marques, une prise de position sur des sujets d’actualité ou des faits divers. Malheureusement, c’est une tendance qui prend également source parfois, dans le sectarisme, le régionalisme, la xénophobie et d’autres mentalités regrettables.
Les clients souhaitent donc pouvoir se mirer à travers les produits qu’ils acquièrent d’où l’importance de la personnalisation dans les stratégies de marketing. L’e-commerçant qui aspire au succès doit alors établir avec soin un « Persona » et se baser sur ces caractéristiques pour élaborer ses politiques commerciales. Mais pour atteindre les objectifs en la matière, il faut bien choisir les paramètres sur lesquels se focaliser. Des détails comme le pouvoir d’achat, les aspirations et la santé ont parfois une importance qu’on a tendance à négliger.
L’impact environnemental n’est plus le seul facteur qui influence les achats. En fait, les consommateurs se préoccupent de plus en plus des conséquences des produits proposés sur leur santé. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les ménages des plus démunis commencent également à intégrer ce paramètre dans leurs opérations de consommation de produits.
Même s’ils n’ont pas forcément les capacités financières pour se permettre fréquemment ce luxe, ils le font dès qu’ils pensent en avoir la possibilité ou pour des raisons de menaces imminentes relatives à leurs bien-être. La santé est donc un paramètre incontournable à prendre dans les tendances de consommation de 2023.